La préparation, un moment à ne pas bâcler !
Une bonne observation terrain démarre toujours par une bonne préparation.
Il s’agit en premier lieu de noter l’ensemble des questions auxquelles nous cherchons à apporter un éclairage. Nous prenons pour cela un temps pour récolter l’ensemble des convictions, zones d’ombres et questionnements auprès du commanditaire et/ou de l’équipe projet et les traduisons sous forme d’hypothèses à tester.
A partir de cette matière, nous préparons une grille d’observation qui nous servira de guide pendant l’observation. Dans notre pratique, nous faisons en sorte de ne pas avoir une grille trop précise afin d’éviter de s’enfermer lors de l’observation et de rester ouvert à ce qui se produit dans la situation.
Si l’observation terrain semble, en première approche, simple, la question du « quoi noter et comment » est plus épineuse qu’il n’y paraît. En effet, ce que nous voyons en situation est lié à nos filtres de représentation. Le risque pour un observateur est « de ne rien voir ou de ne voir que ce qu’il projette de ses expériences antérieures dans une situation nouvelle » (S. Beau et F. Weber, Guide de l’enquête terrain, 2012).
Comment ne pas être biaisé par cela et être le plus objectif possible ? Pour nous, cela passe par une bonne connaissance de ses projections et croyances. En amont, nous nous interrogeons donc sur ce que nous nous attendons à voir et listons ces éléments afin de les garder en tête. Nous pourrons ainsi les interroger lors de l’observation voire les mettre à distance.
Sur place : multiplier les regards
Pour nous aider à rester le plus ouvert possible à ce qui se produit dans la situation, nous faisons l’exercice de noter un maximum d’éléments en restant au plus près de leur déroulement. Comment cela se traduit ? Souvent par des pages et des pages de cahier griffonnées d’un maximum d’observations descriptives les plus factuelles possibles.
L’observation, c’est aussi des moments de silence durant lesquels l’observateur saisit et se laisse traverser par ce qui se joue devant lui en essayant de se faire “oublier” par le sujet observé.
Lorsque cela est possible, il est intéressant d’observer à plusieurs une même situation de travail à des moments différents et réalisée par des travailleurs différents. Deux observateurs, c’est confronter les regards et les grilles de lecture des situations. C’est aussi se donner la possibilité de saisir plus d’informations, plus d’éléments de chaque situation.
Nous aimons également observer une même situation de travail à plusieurs reprises afin de distinguer ce qui se répète de ce qui est singulier de chaque situation. Il est également pertinent, lorsque la situation d’observation s’y prête de pouvoir observer la même situation réalisée par des travailleurs différents, là encore pour distinguer le commun du singulier.