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Mimi Silbert, le pouvoir de la vision incarnée

Transformation culturelle

Mimi Silbert a été à l’origine du lancement de Delancey Street, une fondation de réinsertion pour personnes en situation d’exclusion.  Ce programme connait une réussite phénoménale.  Parmi ses secrets ? Une vision incarnée jusqu’au bout. Je vous propose dans cet article un focus sur ce cas d’étude.   

Qui est Mimi Silbert ?

Mimi Silbert est née à Boston en 1942. Elle fait des études de droit et de psychologie pour obtenir un doctorat en criminologie à l’université de Berkeley en 1968. 

Elle travaille ensuite sur différentes études autour de la justice pénale et de la probation en droit américain. Au travers de ses premières expériences, elle développe la conviction que tous les délinquants pourraient être réintégrés dans la société moyennant de leur offrir un « terrain favorable ». Dans son esprit, cela passe par un foyer, un environnement social apaisé, un travail, de la reconnaissance et de l’attention.  

En 1971, à 29 ans, elle s’installe dans la Delancey street de San Francisco et créée une fondation portant le même nom. La vocation de cette structure est de piloter un programme de réinsertion pour des criminels, délinquants, toxicomanes et personnes en situation d’exclusion. Ce programme impose à ces bénéficiaires de résider au moins deux ans dans un lieu de vie fonctionnant en autonomie complète. Les résidents s’engagent à y respecter trois règles : pas d’alcool ou de drogue, pas de violence, pas de menaces. 

Chacun reçoit une formation basée sur ses appétences et prend des engagements vis-à-vis de la communauté. A terme, l’objectif est de mutualiser les compétences des participants pour assurer le fonctionnement de la résidence et générer des revenus par la création d’entreprises. 

En 49 ans d’existence, Delancey Street a réinséré 20 000 délinquants par le travail sans bénéficier d’aucune aide de l’état. La majorité des revenus permettant de financer le programme est apportée par les entreprises fondées et gérées par les résidents eux même. 

Mimi Silbert vit, elle aussi depuis 49 ans au sein de cette communauté.  La fondation Delancey Street est connue pour être le programme de réinsertion le plus performant au monde. 

Un grand nombre de facteurs concourent, bien sûr, à cette réussite. Je vous propose, ici, de concentrer notre attention sur deux d’entre eux : la vision et l’incarnation. 

L’importance d’une vision clairement formulée

Delancey Street présente 2 visions : Each one, teach one et Enter with a history, leave with a future.  La 1ère décrit en quatre mots le principe fondateur du programme de réinsertion, on peut la qualifier de « vision interne ».  La 2nde s'apparente à une « vision externe ». Elle s'adresse aux « clients » du programme et définit le bénéfice que la fondation entend apporter à ses candidats : un futur.

En observant l’articulation entre ces deux visions, on constate que la 1ère est le comment de la 2nde. Comment donner un futur à des personnes qui ont un lourd passé ? En les engageant dans un processus de soutien mutuel par l’apprentissage d’un métier. Cela revient à dire que Each one teach one est la forme d’exécution choisie pour la vision Enter with a history, leave with a futur

« Il faut avoir quelque chose à perdre, pour que la vie ait un sens » - Mimi Silbert

 

Une vision formulée d’accord, mais encore faut-il l’incarner

S’il y a un point frappant, pour moi, dans l’histoire de Delancey street, c’est à quel point l’exécution du projet est cohérent avec la vision et à quel point cette exécution est incarnée par le comportement de Mimi Silbert depuis le premier jour.

Cela commence par la décision qu’elle a prise il y a bientôt 50 ans de vivre, elle-même, au sein de cette communauté. Depuis des décennies, elle donne son temps, son attention, son affection. Elle respecte scrupuleusement les règles de la résidence, elle s’engage auprès des autres. 
 
Si on considère cela sous un angle managérial, on pourrait dire qu’elle jongle subtilement entre une posture de chef de file et une posture visionnaire. Comme l’enjeu principal pour les nouveaux arrivants est de s’imprégner d’une discipline et d’un état d’esprit souvent radicalement différents de ce qu’ils ont connu jusque-là, le fait qu’elle incarne un exemple à suivre en chef de file me parait être un levier fondamental de réussite. 


Cela fait 50 ans que cette vision se transmet ...  

Porteuse d’une vision inspirante construite autour de la perspective de se construire un futur, elle restaure, par ailleurs, la capacité des résidents à se projeter, à s’approprier et donc à s’engager dans les projets. Ces postures sont, par ailleurs, très relayées par les plus anciens participants du programme qui continuent, pour la plupart, à contribuer sur le long terme à la transmission de la vision solidaire et de la discipline de Delancey Street. 
Il est assez extraordinaire de noter qu’en 50 ans d’accompagnement de détenus ayant pour beaucoup commis des crimes graves (meurtres, viols, banditisme, violences diverses…), il n’y a jamais eu un seul acte de violence au sein de la résidence. 
 
Dans nos missions de transformation culturelle, nous utilisons beaucoup l’exemple de Delancey Street pour montrer en quoi une vision bien construite et bien incarnée est un levier puissant de réussite des projets entrepreneuriaux. Ce principe est déclinable à l'échelle des entreprises elles-mêmes, mais aussi plus localement, dans des entités, des instances, des équipes... Le couple Vocation / Vision donne une direction et une intention commune indispensable au développement de la performance. 
 
Si vous connaissez d’autres cas de vision incarnée dans des organisations, ou que vous souhaitez d’autres exemples ou éclairages, je serai ravi d’échanger avec vous ! 

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Article rédigé par

Clément Duport

Co-pilote du changement