A quoi cherche à répondre l’agilité ?
L’agilité, à l'origine, cherche à répondre à des problématiques liées aux méthodes de gestion de projet et au contexte socio-économique dans lequel nous évoluons, en voici les principaux :
- « L’effet tunnel » : Il correspond à l’impact, sur un projet, du manque de visibilité lié au découpage en phases, étapes et au cloisonnement des métiers pour réaliser ces phases. Un cahier des charges rentre dans le tunnel et un produit en ressort (ou pas) des mois ou des années après. Que s’est-il passé entre-temps ? Les besoins de mes utilisateurs ont-ils évolué ? Je ne le sais qu’à la sortie du tunnel, je n’ai pas pu m’adapter.
- Le fonctionnement en silos : chacun est expert dans sa spécialité et dans son domaine et à un moment donné quand ces personnes interviennent dans le projet elles ne parlent pas de la même chose quand elles se réfèrent au projet et elles en portent une vision très différente. Ce décalage est surtout lié au fait que les personnes communiquent peu, de façon appauvrie (documents écrits) et ne travaillent, n’interagissent que rarement ensemble.
- Le besoin de réduire les cycles de production, notamment pour les petites entreprises qui ne disposent pas de beaucoup de trésorerie et qui ont besoin d’adosser leur production à un ROI si elles veulent payer les salaires de leurs collaborateurs.
- D’un point de vue global, pour l’ensemble des entreprises il y a aussi un enjeu d’adaptabilité, car nous évoluons dans un monde volatile, incertain, complexe et ambigu (VICA ou VUCA en anglais) : un monde qui nécessite de devoir nous adapter très fréquemment.
Ainsi, les méthodes de gestion de projet, adossées à une certaine rigidité de l’organisation, ne permettent plus de répondre aux enjeux socio-économiques voire sont devenues contre-productives.
La naissance de l’agilité
Face à ce constat, 17 spécialistes de la gestion de projets informatiques se sont réunis en 2001 pour imaginer de nouveaux modes de développement et d’organisation. Leurs réflexions ont donné naissance non pas à une nouvelle méthode, mais au Manifeste Agile, comportant 4 valeurs et 12 principes.
Quelles sont ces 4 valeurs et leur signification, sachant que le terme “plus que” employé systématiquement met le focus sur la priorité sans supprimer le second élément :
- Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils : instaurer un contexte au sein duquel les individus interagissent fréquemment de manière plus directe et collaborative.
- Un logiciel qui fonctionne plus qu’une documentation exhaustive : garder en ligne de mire l’avancée opérationnelle du projet et éviter la perte de temps liée au fait de documenter systématiquement parce qu’une méthode le demande.
- La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle : impliquer les utilisateurs / clients de façon fréquente et régulière – et pas seulement en amont et aval du projet - afin de coller au plus prêt à leurs besoins et leurs évolutions.
- L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan : procéder par courtes itérations permet de s’adapter aux changements de contexte ou de situations et de redéfinir régulièrement les priorités pour apporter un maximum de valeur à ce qui est produit.
Ces 4 valeurs marquent un basculement des priorités. Leur mise en application dans les organisations vise à mener des développements digitaux de manière plus efficace en termes d’apport de valeur et de satisfaction des utilisateurs. Ce manifeste peut et est facilement applicable en dehors de l’IT et des projets informatiques. Il ne porte pas une méthode mais un état d’esprit, une culture.
Dans le prochain article, nous verrons comment ces évolutions modifient le paysage des acteurs de projet avec l’émergence des rôles de Product Owner, Scrum Master ou Coach Agile. Nous reviendrons également sur l’expression de ceux-ci, face à la réalité des entreprises.